Jeux paralympiques : Clarisse Lago, « viser le rêve à chaque lancer du poids »
Atteint de nanisme, Clarisse Lago, ivoirienne, ne compte pas s’apitoyer sur son sort. Même si la route est encore longue, elle s’entraîne dur chaque jour pour réaliser son rêve : être championne paralympique…
Je la découvre pour la première fois en 2020*. À l’époque propriétaire et gérante d’un bistro, précisément dans le quartier de Koweït*, à Abidjan. Après une quinzaine de minutes à parcourir des couloirs sinueux les uns après les autres, nous sommes dans ce modeste commerce. « Je me débrouille ici », lance Clarisse. « En dehors de mes heures d’entraînements et de compétitions, je m’occupe de mes clients. », ajoute-t-elle. En effet, âgée de 27 ans et avec 1m30 pour 50 kg, Clarisse est athlète paralympique ivoirienne. Catégorie F40. C’est bientôt les Jeux paralympiques prévus à Paris. Elle accepte de partager son rêve.
2014, les débuts…
« C’est mon frère qui me parle du sport, en 2014. Si je fais du sport paralympique aujourd’hui, c’est grâce à lui. », se confie-t-elle avant de révéler les difficultés bravées : « Mon parcours n’était pas facile avec les transports et mes charges quotidiennes. Aujourd’hui, je remercie Dieu. Ça va. »
Elle évolue dans le domaine du lancer du poids et du disque, respectivement 3 kg et 0,75 kg de charge à projeter le plus loin possible. Fière de son parcours, Clarisse est aujourd’hui moins complexée par son nanisme. Débordant chaque jour d’énergie, ce qui compte pour elle, c’est son rêve : « Je veux devenir une championne des sports paralympiques pour faire la fierté de mon pays. »
Elle devra encore redoubler de persévérance
Clarisse n’est pas sélectionnée pour l’édition 2024 des sports paralympiques. Espoir mis en veilleuse. Du moins, pour 2024. Elle ne perd cependant pas de vue ses objectifs. Ses valeurs sportives restent intactes, celles de l’esprit d’équipe, de la solidarité.
« Je soutiens mes frères et sœurs qui sont qualifiés. Parce que c’est le rêve de chaque athlète que de prendre part à ce grand rendez-vous international », précise-t-elle. À en croire notre interlocutrice, la sélection des participants est décidée depuis le comité international paralympique – international paralympic comitee (IPC). En effet, l’organisation non gouvernementale, basée à Bonn, en Allemagne, établit les critères de sélection selon la performance des athlètes. Et le nombre de places à pourvoir en vue de représenter les pays participants est communiqué. « Je n’ai pas atteint le niveau de performance requis », regrette Clarisse.
Pour l’heure, elle se contente d’une médaille de bronze obtenue en Tunisie en 2017, au lancer du poids.
« Faites du sport »
Lorsque je lui demande quels conseils donner aux personnes handicapées, voici ce qu’elle me répond : « Je les encourage à pratiquer le sport. Il favorise la bonne santé et met à l’abri du complexe. Ça fait du bien de compétir devant un grand public. », exhorte-t-elle.
En avril 2022, notre future championne dépose ses valises au Maroc, dans le cadre de ses activités sportives. Depuis le Royaume Chérifien, elle porte en prières les représentants de la Côte d’Ivoire attendus à Paris. Le 28 août 2024. Ils rapporteront certainement des médailles. Pour son plus grand bonheur.
Il convient de noter qu’au regard de la classification de l’IPC en matière de compétition équitable, Clarisse est une athlète paralympique de la catégorie Petite Taille.
Les caractéristiques données par cette instance internationale sont les suivantes :
Longueurs réduites des os des jambes et/ou du tronc
Exemples : Achondroplasie, dysfonctionnement hormonal, ostéogénèse imparfaite…
Une taille maximum est fixée dans les sports concernés. En athlétisme, par exemple, la taille maximum est de 1m45 chez les hommes et de 1m37 chez les femmes.
*J’ai découvert Clarisse au cours d’un reportage portant sur Richard Duffi, un autre sportif paralympique ivoirien.
*Koweït : Quartier social situé en Côte d’Ivoire, dans la commune de Yopougon
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