Côte d’Ivoire : pour une Coupe d’Afrique des nations au service de l’environnement

Article : Côte d’Ivoire : pour une Coupe d’Afrique des nations au service de l’environnement
Crédit: Chaos Soccer Gear
11 mai 2023

Côte d’Ivoire : pour une Coupe d’Afrique des nations au service de l’environnement

La Coupe Africaine des Nations (CAN) est l’un des événements sportifs les plus attendus en Afrique. C’est une occasion pour les nations africaines de se réunir et de montrer leur talent sur le terrain. Cependant, au-delà de l’aspect purement sportif, la CAN peut également jouer un rôle crucial dans la protection de l’environnement.

CAN 2024 en Côte d'Ivoire
© Vienna Reyes

La Banque mondiale dans un communiqué en date du 2 février 2023, souligne « les progrès majeurs réalisés par la Côte d’Ivoire dans l’amélioration de ses infrastructures – en particulier l’accès à l’énergie, la stimulation d’une forte croissance, et la lutte contre la pauvreté. » 

La tenue de la CAN 2024* dans ce contexte, offre au pays, plusieurs opportunités. Entre autres, la réaffirmation de son leadership sur la scène internationale. Mais pas que ! Faire preuve de sa capacité à organiser une CAN responsable et durable – conformément aux exigences environnementales.

Le compte à rebours est lancé !

CAN 2024 en Côte d'Ivoire
© Site web du COCAN

Un tour sur le site web du COCAN permet de voir le compteur s’égrener : en jours, en heures, en minutes, puis en secondes. En page d’accueil, une capsule vidéo entraîne le visiteur au cœur du stade olympique d’Ébimpé, inauguré en octobre 2020. Face à ces instants riches en couleurs, je projette mes pensées dans la ferveur de janvier 2024. Des journées de bonheur nous tendent les bras !

Tous les peuples africains et non africains attendent ces moments de vivre-ensemble, de promotion de la diversité, de tolérance et de joie partagée. Autour du football ! Le vert dominant sur la plateforme en ligne, rappelle l’engagement du pays pour la promotion et la protection de l’environnement. Il n’y a pas que les infrastructures sportives qui surprendront. La beauté écologique du pays aussi. D’une ville à une autre, ses merveilles feront parler d’elles.

Pourtant, l’aspect protection et sauvegarde de l’environnement semble manquer à l’appel

Ou du moins, pour l’heure. J’ai parcouru le décret numéro 514-2018 du 7 juin 2018 portant création, organisation et fonctionnement du Comité d’Organisation de la CAN – Le COCAN. Parmi les 13 commissions techniques présentées à l’article 6, aucune ne fait penser à la nécessaire prise en compte de l’environnement. Même sur le site web et à travers les informations diffusées – à environ 200 jours du but, le volet développement durable peine à recevoir la passe. Il prendra sans doute le train en marche. Toutefois, s’assurer qu’il ne le manque pas !

© Chaos Soccer Gear

Pour l’heure, il est tôt de dire que la composition du comité d’organisation commet un délit d’infidélité à la vision de la CAF, en matière d’environnement. Pas le moment pour le tribunal de sortir le marteau de cérémonie. Mais les défenseurs de l’environnement doivent garder l’œil ouvert sur les normes !

On peut lire sur le site web de l’instance dirigeante du football africain : « Nos décisions d’approvisionnement respectent et soutiennent l’environnement et l’objectif de notre organisation de réduire notre empreinte carbone. ». En effet, un événement comme la CAN provoque naturellement une forte concentration des populations par endroits. Ajouté à cela, d’importants déplacements. Par conséquent, un impact indéniable sur l’environnement. Cela requiert l’intervention de personnes ressources en sensibilisation et éducation environnementale – puis, des campagnes dans ce sens, avant et pendant la CAN.

Il faut au COCAN, une commission spécifiquement dédiée à l’environnement

Le sport est un « puissant levier pour l’écologie ».  Le Comité International Olympique (CIO) souligne que « l’environnement mérite pleinement d’être considéré comme le troisième pilier de l’Olympisme, après le sport et la culture »Ainsi, il est censé faire de tous les acteurs du monde sportif, des porteurs de voix de la cause climatique. Favoriser par leur influence, un changement de comportement. Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas. Ou pas suffisamment.

Aucune visibilité sur ce qui est en train d’être fait à ce sujet ou sur ce qui est prévu. Comment faire de la prochaine CAN, non seulement un instrument de promotion, mais également de dépollution de l’environnement ?

L’Agence nationale de l’environnement a-t-elle eu son mot à dire quant au potentiel impact environnemental et social du projet ? Les populations ont-elles été informées ou suffisamment informées à ce sujet ? Des mesures ont-elles été prises pour réduire l’empreinte carbone des infrastructures prévues ? Quelles solutions pour donner une visibilité à ces mesures ? Quel est le niveau d’implication des ONG environnementales ? Des partenariats sont-ils prévus avec des organisations environnementales pour des initiatives de sensibilisation ? Autant de questions qui appellent réflexion.

Une commission technique pour garantir l’accès à des infrastructures durables

Ces experts auront principalement la responsabilité de diminuer l’empreinte environnementale de l’événement. Cela pourrait se faire par des propositions concrètes pour une consommation optimale de l’énergie et pour la bonne gestion des ressources en eau sur les sites. Ils ne s’arrêteront pas là. Leur apport permettra de répondre également aux questions telles que :

Quelle place pour la mobilité durable ? Comment transformer les déchets de la CAN en ressources ? La CAN laissera-t-elle un héritage durable écologiquement parlant ? Comment allier CAN et écotourisme – CAN et investissement dans des projets de développement à long terme ?

« Villages CAN », mines d’innovations pour les startups

On a tous une idée d’un tel espace. Lieu de retrouvailles, de forte consommation, oui ! Mais de production de déchets. Les organisateurs de la CAN pourraient par exemple lancer des appels d’offres pour retenir les meilleures initiatives innovantes. Revêtir ce rendez-vous sportif d’une allure écoresponsable, c’est possible : des lieux d’hébergements aux stades, en passant par les vestiaires et le « village CAN ».

CAN 2024 en Côte d'Ivoire
© M.Z.

Par exemple, pour réduire leur empreinte écologique lors des rencontres sportives, les amateurs de tennis montréalais ne se font pas prier. « Leur commande est accompagnée d’ustensiles en bois, et servie dans une assiette également biodégradable. », révèle le journal en ligne, RDS. Mieux, il est possible d’indiquer sur des panneaux implantés dans chaque « Village CAN », une sorte de « profil environnemental », de slogans écologiques. J’en propose quelques uns. Juste des essais :

« Voici comment sont gérés et récupérés les déchets sur ce site… », « Sur ce site Y nombre d’arbres ont été plantés par nos bénévoles pour lutter contre les îlots de chaleur… », « Accès interdit aux bouteilles plastiques », « Bienvenue dans ce pays qui compte des espaces naturels sublimes », « Tirons profit de ces instants, mais mettons à profit ces moments pour l’environnement. », cause commune !

Au-delà de l’aspect sportif et festif, la CAN à venir devrait être une vitrine incontournable pour démontrer et réaffirmer le leadership du pays dans des secteurs importants. Parmi lesquels, l’environnement. C’est la responsabilité de tous ! Car nous avons le devoir de léguer un héritage positif pour les générations futures.

M.Z.

*CAN 2024 : Il s’agit en effet de la CAN 2023, reportée en 2024.

*FIFA : Fédération internationale de football association

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Commentaires

Caroline Yao
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Très intéressant ton article M. Z., on espère prendre la coupe⚽️⚽️⚽️

Magtouss
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Merci ma très chère Caroline ! Ouiii on espère ! :)

N"DRI Maxime
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L"ONG Côté d'ivoire Biodiversité vous assure de son soutien. On ne peut pas concevoir un tel événement sur un mois sans envisager les risques environnementaux. C'est une proposition que le COCAN devait prendre en compte.

Magtouss
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Merci mon Frère, cher Président !
Je pense que nous devons mettre à profit notre "regard écolo"... À mon avis, c'est aux ONG environnementales de s'organiser pour prendre toute la place qui leur revient, auprès du COCAN. Elles ont une importante contribution à apporter pour la réussite totale de l'événement.
Il faut aller vers le COCAN et lui proposer des idées, des projets et solutions innovants, prenant en considération l'environnement.
J'ai écrit ce billet à environ 8 mois de cette 34e édition, pour juste attirer l'attention sur le sujet... Il y a encore un délai raisonnable pour agir...❤️

Likane M.C
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Très intéressant

Magtouss
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Merci infiniment ma Meilleure !