28 janvier 2017

Fonction publique internationale : pourquoi la Côte d’Ivoire est à la traîne ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer la faible représentation des cadres de notre pays au sein de la fonction publique internationale. En effet, dans les années d’exercice du pouvoir par le Président Houphouët Boigny, il militait plutôt pour un maintien des cadres ivoiriens en Côte d’Ivoire afin de développer l’économie, ce qui en a fait à l’époque la vitrine de l’Afrique occidentale.

L’autre raison est la barrièrede la langue, le fait est que nos devanciers étaient beaucoup plus francophones qu’anglophones. Pourtant, l’anglais est la langue de travail indispensable pour intégrer la fonction publique internationale et y faire carrière.

Enfin, les cadres ivoiriens n’éprouvaient tout simplement pas le besoin de s’expatrier dans la mesure où la qualité de vie dont nous bénéficions à l’époque nous satisfaisait totalement. En effet, il y a quarante ans, la Côte d’Ivoire faisait partie des pays où il faisait vraiment bon vivre.

Le fait est que les Ivoiriens qui occupent des hauts postes de responsabilité dans la fonction publique internationale sont très rares (mis à part Alberic Kacou, Vice-président du Groupe de la Banque Africaine de Développement-BAD). Si on observe les dirigeants des organisations des Nations Unies et de divers organisations internationales, aucun ivoirien ne figure parmi les dirigeants africains. Le poste le plus important obtenu fut celui de l’actuel chef de l’Etat, en tant que Directeur adjoint du Fonds Monétaire International (FMI). Et depuis plus de vingt ans maintenant, plus rien. On va dire que le pays cherche ses marques…

Même si l’ampleur est moins grande, on observe la même situation au niveau des cadres et du personnel intermédiaire, pour la simple et bonne raison que la Côte d’Ivoire n’a pas encore élaboré de véritable politique visant à renforcer sa présence au sein des organisations internationales. Ceci est bien regrettable pour les trois raisons suivantes :

Premièrement, l’audience du pays au sein des instances internationales diminue significativement et son influence déjà faible dans le concert des nations se réduit comme peau de chagrin. Le pays est tout simplement absent des centres de décisions internationaux.

Deuxièmement, le pays se prive ainsi d’une manne financière importante qui proviendrait de la rémunération de ses compatriotes au sein des organisations internationales et qui pourrait être investie en Côte d’Ivoire dans des activités de développement.

Enfin, la Côte d’Ivoire ne bénéficie pas de l’expertise et de l’expérience internationale qu’auraient pu acquérir ses cadres s’ils avaient évolué au sein de la fonction publique internationale.

Sénégal : un exemple à suivre

Le Sénégal se caractérise par une tradition séculaire, avec des résultats probants en matière d’intégration de ses cadres dans la fonction publique internationale. Dans plusieurs pays en Afrique, la majorité des chefs d’agence du système des Nations Unies et d’ autres organisations internationales sont Sénégalais et pour la plupart, ils méritent leur poste.

Toutefois, nous nous réjouissons de savoir que les fonctionnaires internationaux ivoiriens ont enfin décidé de s’organiser, même sans le soutien du gouvernement, en créant une association dénommée Association des Fonctionnaires Internationaux Ivoiriens (AF2I). Cette association a pour principale vocation la promotion des Ivoiriens dans la fonction publique internationale. Il s’agit là d’une réelle opportunité pour qu’enfin, la Côte d’Ivoire se dote d’une politique digne de ce nom, pour la promotion de ses cadres dans la fonction publique internationale. Un premier essai de mise en œuvre de cette stratégie pourrait être l’élection prochaine du Président du Fonds International de Développement Agricole (FIDA) : la Côte d’Ivoire pourrait présenter au moins deux ou trois candidats parmi ses anciens Ministres de l’Agriculture.

Alberic Kacou rempile

Les membres de l’AF2I, à l’issue de la deuxième Assemblée Générale Ordinaire. Crédit photo : Magloire Zoro

Au cours de sa deuxième assemblée générale ordinaire tenue le 28 décembre 2016 à Abidjan – Cocody, les fonctionnaires internationaux ivoiriens réunis au sein de l’AF2I et présents ce jour là, ont renouvelé leur confiance à Monsieur Alberic Kacou pour présider jusqu’en 2018 aux destinées de cette association qui mérite une attention particulière des autorités étatiques, au regard de ses missions.

A.B. & M.Z.

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Commentaires

Mawulolo
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Bel article ce même constat se fait pour le Togo ...
Pour la CIV, je crois que Amara Essy aussi avait été à un poste à l'OUA (Actuel UA)

Magtouss
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Merci bien Mawulolo pour votre contribution !