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Les Magiques Petits Tambours découvrent l’Afrique de l’Ouest : Retour sur un séjour inoubliable

C’est dans une atmosphère conviviale que s’est achevée la troisième édition du Festival International de Pâques pour Rêves d’Enfants (FIPRE), le lundi 28 mars 2016. Cet événement jeune public qui donne depuis quelques années la joie aux touts petits, tout en leur permettant d’apprendre les uns auprès des autres a accueilli au cours de cette édition plus d’une dizaine d’artistes et compagnies culturelles de renommée internationale, issues de l’Europe et de la sous région Ouest africaine.

Le dernier show offert par les Magiques Petits Tambours à Heden Golf Hôtel d'Abidjan, à un public qui en demandait de plus en plus. Crédit photo : Magloire Zoro
Le dernier show offert par les Magiques Petits Tambours à Heden Golf Hôtel d’Abidjan, à un public qui en demandait de plus en plus. Crédit photo : Magloire Zoro

En dépit de certaines défaillances organisationnelles, dans l’ensemble, les festivaliers ont tiré le maximum de profit de cette occasion, et n’ont pas boudé leurs besoins respectifs de partage d’expériences. Parmi eux, un groupe d’enfants a fait vibrer le jeune public, qui a tout de suite adhéré à la déambulation magique et percussive.

Les Magiques Petits Tambours, les plus jeunes festivaliers débutent une aventure unique

Malaury, la benjamine du groupe, aura 10 ans ce 08 avril. Crédit photo : Magloire Zoro
Malaury, la benjamine du groupe, aura 10 ans ce 08 avril. Crédit photo : Magloire Zoro

Non seulement, la plupart de ces enfants prenaient l’avion pour la première fois, mais en plus, ils étaient nombreux à découvrir à travers ce voyage, un continent qui, jusque là, leur était inconnu. Minutieusement préparé des mains de maître par le responsable de l’équipe, Mouhss ainsi que ses collaborateurs – avec l’appui des autorités de la ville de Valence, en France, ce rêve pris forme dans la nuit du 23 mars 2016, lorsque les Magiques Petits Tambours déposent leurs valises et tambours au bord de la lagune Ébrié. Ils affrontaient du coup les réalités propres à ce nouvel environnement, en s’accommodant à celles qui auraient pu les détourner de leur principal objectif.

Pour Mouhss KARTAF, les Magiques Petits Tambours, ce n’est pas que du spectacle

En effet, au cours d’un bref échange que nous avons eu, il révèle que l’esprit au sein de l’équipe des Magiques Petits Tambours va au-delà de ce que l’on peut croire. « En venant ici, l’idée pour nous, c’est d’aller au contact des populations, de nous fondre aux populations, surtout les plus défavorisées, en leur apportant ce que nous savons et ce que nous avons de symbolique. C’est aussi une façon d’ouvrir les yeux aux enfants qui composent ce groupe artistique sur certaines réalités qui existent en dehors de l’Europe. » Dit-il avec une ferme conviction.

L’objectif visé par ces artistes est si pertinent et louable que, malgré la période scolaire, les différents chefs d’établissement d’où sont issus les Magiques Petits Tambours n’ont ménagé aucun effort en vue de favoriser cette absence de la ville de Valence pendant une dizaine de jours. En principe, ce n’est pas évident. Mieux, cette détermination à participer au FIPRE 2016 est à saluer d’autant plus que l’attentat terroriste ayant frappé la ville de Bassam quelques jours plutôt n’a pas suffi pour mettre en déroute ce noble projet.

Les activités en marge du FIPRE 2016

Une petite pause au marché des objets d'arts de Cocody. Crédit photo : Magloire Zoro
Une petite pause au marché des objets d’arts de Cocody. Crédit photo : Magloire Zoro

Après avoir assuré au public l’un des spectacles les plus suivis au cours du festival tenu les 26, 27 et 28 mars 2016, la dynamique équipe dirigeante de la délégation des Magiques Petits Tambours à Abidjan – composée de Mouhss, Mireille et Anne, a rapidement déroulé un agenda riche à la fois en découvertes et actions caritatives.

La première journée fut marquée par des emplettes au marché des objets d’art de Cocody,  une balade lagunaire, suivie de la visite d’un marché de pêcheurs situé à « Abobo Doumé », une commune sociale en bordure de lagune.

En route pour la balade lagunaire. Crédit photo : Magloire Zoro
En route pour la balade lagunaire. Crédit photo : Magloire Zoro

Ce jour là, la soirée a connue une ambiance particulière avec la célébration de l’anniversaire de Meggy, qui, du haut de ses 15 ans, représentait à Abidjan, l’aînée des Magiques Petits Tambours. Comme quoi, nous avions là affaire à une solide équipe reposant sur des valeurs de solidarité, de fraternité et de complémentarité.

Balade écologique au cœur de la forêt du Banco. Crédit photo : Magloire Zoro
Balade écologique au cœur de la forêt du Banco. Crédit photo : Magloire Zoro

Quant à la deuxième journée, elle a plutôt donné l’occasion au groupe ainsi qu’à certains festivaliers de découvrir l’un des plus importants patrimoines écologiques de la Côte d’Ivoire qu’est le parc national du Banco, une forêt primaire de 3.474 hectares située en plein cœur d’Abidjan (le poumon vert d’Abidjan). Cette balade écologique riche en découverte s’est soldée par la distribution de symboliques fournitures scolaires à quelques enfants vivants dans le seul village de  neuf familles noyé dans cette forêt.

Les Magiques Petits Tambours font des heureux dans un village situé en plein cœur de la forêt du Banco, et peu connu des populations. Crédit photo : Magloire Zoro
Les Magiques Petits Tambours font des heureux dans un village situé en plein cœur de la forêt du Banco, et peu connu des populations. Crédit photo : Magloire Zoro

La troisième journée a débutée au pas de course, par un moment d’échanges culturels au centre de formation artistique « Krimbo » , sis à Abobo, une commune populaire d’Abidjan.

Mouhss s'entretenant avec les enfants du centre artistique "Krimbo". Crédit photo : Magloire Zoro
Mouhss s’entretenant avec les enfants du centre artistique « Krimbo ». Crédit photo : Magloire Zoro

Créé dans le but d’aider les enfants orphelins, démunis et enfants de la rue, ce centre vit grâce à la pure danse traditionnelle, à la peinture, aux contes et tricotages afro contemporains. Avant de quitter ce jeune établissement culturel, les Magiques Petits Tambours ont fait encore une fois parler leur cœur en offrant à leurs hôtes un lot d’effets vestimentaires et scolaires. Quel bel exemple d’humanisme !

Une vue des présents offerts aux enfants du centre artistique "Krimbo". Crédit photo : Magloire Zoro
Une vue des présents offerts aux enfants du centre artistique « Krimbo ». Crédit photo : Magloire Zoro

Et vint le moment de se préparer pour le vol retour

A l’issue de ce court séjour, l’ambiance de fête qui prévalait durant le festival à laissé place à une ambiance des préparatifs du départ avec un arrière goût plutôt amère : la joie de partir pour rejoindre la famille, reprendre les cours, profiter du climat beaucoup plus clément, mais, difficile de quitter ce pays chaleureux, cette ville dont les rues devenaient de plus en plus familières. Encore plus dur de s’éloigner de ces personnes dont on commençait à s’attacher ! Mais bon, ainsi va l’aventure ! Je partage avec vous le ressenti qui habitait les uns et les autres à ce moment là :

« Mon ressenti, c’est que je suis triste, beaucoup triste. » Stanissia – «  Mon ressenti, c’est que c’est très triste de quitter les gens. » Malaury – «  Mon ressenti, c’est que c’était trop bien. Je voulais rester pour trois semaines encore. Ici, j’ai rencontré des personnes extraordinaires que je n’oublierai jamais. Vraiment Merci ! » Radia – «  Il faisait trop chaud, mais j’ai beaucoup aimé le voyage ! » Lyna – «  J’ai beaucoup aimé ce voyage. On nous a bien accueillis et pendant le séjour, on s’est amusé tout en travaillant. J’espère qu’on reviendra l’année prochaine. » Mirwan – « Mon ressenti est que j’ai trop aimé ce séjour. J’ai rencontré des personnes extraordinaires que je n’oublierai jamais. Merci ! » Melody – « Je suis triste de partir. » Ikram – « Jai été très surprise à l’arrivée, mais au final, j’ai vécu une aventure inoubliable aux côtés de chaque personne qui nous ont accompagné tout au long de ce voyage et je te remercie pour tout ce que tu nous apporté durant ce voyage. Merci. Bisous. »« …Tout au long de ce voyage, j’ai appris énormément de choses, les cultures, etc. J’ai rencontré des personnes inoubliables, très attachantes, adorables…Côte d’Ivoire 2016 dans mon cœur… » Meggy

A l’aéroport, l’atmosphère était encore plus lourde de tristesse. Chacun essayait de dissimuler ses émotions. Au moment de se dire au revoir les larmes qui perlaient sur certaines joues n’ont pas manqué de traduire le véritable état d’âme de chacun. Instant pénible à affronter. Pourtant, nous sommes tenus d’accepter  la séparation pour savourer les délices des retrouvailles.

M.Z.


Spectacle jeune public : La parade du Festival International de Pâques pour Rêves d’Enfants a tenu ses promesses

Le Festival International de Pâques pour Rêves d’Enfants  (FIPRE) a offert une après midi festive au village de Blockauss ce jeudi 24 mars 2016, à travers sa parade qui a enregistré la participation de plusieurs compagnies culturelles de renommée internationale.  Venus de l’Europe et de la sous région, elles ont toutes  réussi  à susciter à la fois l’étonnement et la satisfaction chez les uns et les autres à travers leur savoir faire.

Les festivaliers au cours de la parade, en route pour le village de Blockauss. Crédit photo : Magloire Zoro
Les festivaliers au cours de la parade, en route pour le village de Blockauss. Crédit photo : Magloire Zoro

Les touts petits à l’honneur, étaient restés en extase tout au long de l’itinéraire. Même les grandes personnes n’ont pas boudé leur envie de se joindre à la fête. Automobilistes, passants, commerçants. Tous étaient impressionnés par le spectacle et curieux d’en savoir davantage : De Cocody au quartier Sogephia (point de départ), à Blockauss, l’ambiance était à son comble.

« Ça sortait comme ça sortait ! »

 Les riverains de l’itinéraire emprunté lors de la parade n’ont pas voulu se faire conter l’événement. C’est sûr que certains ont dû interrompre leur sieste – avec mécontentement peut être – mais pour se laisser ensuite émerveiller  par ces représentations plus belles les unes que les autres. Tout le monde sortait pour venir voir, les flashs d’appareils photos ne cessaient de se multiplier. Les plus curieux ont tout simplement choisi de rejoindre la parade jusqu’à destination. Toutes les compagnies culturelles présentes à Abidjan pour le festival n’ont ménagé aucun effort pour garantir une réussite totale de cette parade.

La Directrice du FIPRE, Mme Kiya Dongossi et Mouhss des Magiques Petits Tambours entourés par des curieux lors de la parade. Crédit photo : Magloire Zoro
La Directrice du FIPRE, Mme Kiya Dongossi et Mouhss des Magiques Petits Tambours entourés par des curieux lors de la parade. Crédit photo : Magloire Zoro

Les forces de l’ordre étaient également à la tâche pour contribuer au succès de l’événement. Ils avaient en charge l’encadrement des festivaliers et participants afin de permettre à ceux-ci une atmosphère de sérénité, compte tenu du contexte sécuritaire que connaît la Côte d’Ivoire.

La place publique du village de BLOCKAUSS a presque refusé du monde

 Une fois dans le village de Blockauss, les festivaliers, suivis d’une marrée de badauds et des Enfants dudit village, après avoir fait le tour des ruelles ont regagné la place publique. La Chefferie y était déjà confortablement installée. Les unes après les autres, les différentes compagnies ont gratifié le jeune public de courts extraits de ce à quoi il devrait s’attendre les 26, 27, 28 mars 2016 à Heden Golf Hôtel d’Abidjan, ce somptueux cadre qui accueille le festival depuis sa première édition.

La place publique du village a dû refuser du monde. Au centre, la Famille Goldini offre au public une petite démonstration. Crédit photo : Magloire Zoro
La place publique du village a dû refuser du monde. Au centre, la Famille Goldini offre au public une petite démonstration. Crédit photo : Magloire Zoro

Les premiers responsables de cette hospitalière Communauté villageoise, après avoir imploré la protection des ancêtres à travers une cérémonie de libation, ont donné l’occasion au Chef de dire son mot de fin. S’adressant à la foule, l’homme qui a en charge le village hôte, avec un ton empreint d’émotion, a eu du mal à cacher sa joie de recevoir tous ces festivaliers, notamment ceux de la ville de Valence avec laquelle la communauté qu’il dirige pourrait mener des projets de développement.  Selon lui, offrir aux Enfants une telle opportunité de divertissement dans un contexte où le terrorisme tente d’enlever à l’humanité toute envie de divertissement, c’est montrer la preuve que l’on reste débout et digne malgré tout.

On peut le dire tout net, pour cette première sortie, le FIPRE 2016 est en voie d’atteindre son objectif d’assurer aux touts petits, un véritable  épanouissement social et intellectuel.

M.Z.


Spectacle jeune public : Ce que vous devez savoir sur le FIPRE 2016

Pour sa troisième édition, le Festival International de Pâques pour Rêves d’Enfants (FIPRE), prévu les 26, 27 et 28 mars 2016 à Heden Golf Hôtel d’Abidjan, entend confirmer sa vocation à faire de l’épanouissement social et intellectuel de la petite enfance, une priorité.

Organisé conjointement par Bouldegum Côte d’Ivoire et la Fondation Children Of Africa, avec comme partenaire institutionnel le Ministère de la Culture et de la Francophonie, ce premier festival jeune public en Côte d’Ivoire accorde une place de choix au bonheur des touts petits – et ce, sur fond de divertissement, d’apprentissage et de brassage culturel. Ces enfants issus d’horizons et de couches sociales divers auront le privilège de côtoyer durant cet événement, plusieurs compagnies culturelles européennes et africaines.
Selon la Présidente du Comité d’organisation, Mme Kiya Dongossi, Directrice du FIPRE, « Depuis sa création en 2014, ce rendez-vous culturel à l’honneur des touts petits s’est progressivement imposé auprès du jeune public, si bien que pour cette édition, il sera question d’apporter des innovations de taille en vue d’assurer le succès total de ce moment à la fois festif et éducatif. »

L'une des Affiches du FIPRE sur le boulevard Latrille, à Abidjan, Cocody. Crédit photo : Magloire Zoro
L’une des Affiches du FIPRE sur le boulevard Latrille, à Abidjan, Cocody, crédit photo : Magloire Zoro

Alors, à quoi devront s’attendre les touts petits ?

Les touts petits émerveillés au cours d'une prestation, à l'occasion du FIPRE 2015, à Heden Golf Hôtel d'Abidjan (photo d'archive utilisée juste à titre d'illustration)
Les touts petits émerveillés au cours d’une prestation, à l’occasion du FIPRE 2015, à Heden Golf Hôtel d’Abidjan (photo d’archive utilisée juste à titre d’illustration)

Les activités au menu du FIPRE 2016 sont plus attrayantes les unes que les autres. Après une parade qui marquera le début du festival le jeudi 24 décembre dès 14 heures dans le paisible village de Blockauss à Cocody, les participants auront droit à des contes, du cirque, de la danse, de la musique, des séances de lecture, de la magie, de l’animation, du théâtre, et des scènes d’acrobates.

En termes d’innovation, cette année, le festival connaîtra l’organisation d’ateliers géants de transmission de marionnettes, et d’une superbe tombola qui permettra aux uns et aux autres de repartir avec des billets d’avion, des réfrigérateurs, une nuitée à Heden Golf Hôtel d’Abidjan, et bien d’autres lots surprises ! L‘idée de tels ateliers repose sur la volonté du comité d’organisation, de renforcer la dimension éducative du FIPRE.

Au FIPRE 2016, c’est une douzaine de compagnies pour donner la joie aux Enfants

La compagnie ACMUR du Burkina Faso, crédit photo : ACMUR
La compagnie ACMUR du Burkina Faso, crédit photo : ACMUR

Les principales représentations au programme seront assurées par M. Banana Show qui nous vient de Goa, en Inde ; la Famille Goldini, Miaow Production de Toulouse, en France ; les Magiques Petits Tambours de la ville de Valence, en France ; Daniel Burley de Berlin, en Allemagne ; Spectacles Balafon de France ; AFUMA du Togo ; les DODOS du Secteur 10, Les Grandes Personnes de Boromos, et OPAMIN du Burkina Faso ; NAMA du Mali, et enfin, la compagnie GASKA de Côte d’Ivoire. Parmi ces groupes artistiques de renommée internationale, Les Magiques Petits Tambours dament le pion aux autres avec une forte délégation composée de 16 personnes. Ce qui dénote de l’engouement général suscité autour du FIPRE.

Les Magiques Petits Tambours de la ville de Valence, crédit photo : Les Magiques Petits Tambours
Les Magiques Petits Tambours de la ville de Valence, crédit photo : Les Magiques Petits Tambours

En attendant avec impatience le Jour J., les premières compagnies commencent déjà à déposer leurs valises au bord de la lagune Ébrié. Le FIPRE 2016, ça ne devrait pas se raconter !!!  Il est préférable de prendre les dispositions utiles afin de le faire vivre à nos Enfants âgés de 3 à 18 ans.

M.Z.


Procès Laurent Gbagbo et Blé Goudé : le monde vous regarde, Madame la Procureure

Dans deux jours s’ouvre un procès très attendu – ou plutôt deux procès en un – à la Haye, aux Pays-Bas : ceux de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et du leader de la galaxie patriotique, Charles Blé Goudé, que ses fans appellent affectueusement « Zadi Gbapê », le « Génie de Kpô », ou encore « le général de la rue ». Après plusieurs reports, tous les regards sont désormais tournés vers eux. Et chacun, de là où il se trouve, espère que le droit sera dit en toute indépendance, et avec impartialité. Depuis l’examen préliminaire lié à cette affaire, juristes ou pas, d’ici et d’ailleurs, tout le monde souhaite y voir plus clair.

La plupart des gens qui ont appris l’existence de cette juridiction avec cette poursuite souhaite d’abord comprendre à quoi elle sert véritablement, mais aussi, comment elle fonctionne rééllement.

Parmi eux, vous le savez déjà, on dénombre plusieurs partisans des deux prévenus, actuellement détenus dans la prison de Scheveningen (A l’heure où j’écris, je sens que certains ont déjà apprêté leur matelas et leurs draps pour dormir devant la CPI).

(Photo d`archive utilisée juste a titre d`illustration)
(Photo d`archive utilisée juste a titre d`illustration – Source : APR News)

Madame la procureure, vous-même imaginez un peu la mobilisation qu’il y aura autour de vos bureaux durant cette période. Imaginez les attentes de ces personnes qui sans doute dormiront à la belle étoile, rien que pour soutenir leurs leaders et réclamer leur libération. Je ne suis pas en train de vous dire de faire attention à elles ou de vous laisser influencer par le poids de leurs éventuelles manifestations. Le plus important étant de dire le droit, rien que le droit, et toujours le droit. Néanmoins, appréciez un peu cet aspect et mettez dans la balance la lourde responsabilité à laquelle vous ferez face dès jeudi : celle de permettre la relaxation ou la condamnation des personnes concernées. Ce n’est pas tout !

De l’autre côté, on a ceux qui souhaitent leur condamnation. Pour eux, Gbagbo et Blé Goudé n’ont aucune chance de s’en sortir : « Ils ont trop fait de mal, ils doivent rester là bas ! ». Eux, ce sont notamment les victimes proches du parti au pouvoir, ainsi que certains leaders dudit pouvoir qui souhaitent que la justice aille dans le sens de l’intérêt de ces victimes. Ce qui est d’ailleurs la raison d’être de l’institution dont vous avez la charge. Il est donc clair que vous et votre équipe aurez vraiment du fil à retordre. Franchement, ce ne sera pas aussi simple que ça, et vous en êtes consciente du côté de la Haye. Le chemin vers la manifestation de la vérité sera long et tortueux. Les obstacles à surmonter rivaliseront avec les coups à supporter. L’endurance devra être de mise, la transparence aussi.

Crédit photo : rightswatch.ca
Crédit photo : rightswatch.ca

Comment satisfaire les deux parties ? Si vous avez la réponse, je ne peux que m’en réjouir. Je me souviens juste d’une expression juridique latine qui dit et je cite : « Dura Lex, Sed Lex » (La loi est dure, mais c’est la loi). C’est qu’à tous les coups, un camp sera mécontent à la fin du procès. Mais bon, tant que c’est la voix du droit qui se fait entendre, l’humanité vous applaudira et ce, au plus grand profit de la Cour.

Madame la Procureure, ce que nous attendons de vous, c’est surtout, je dis bien surtout, la clarté et l’indépendance avec laquelle sera conduit le processus. C’est cela la colonne vertébrale qui va maintenir et renforcer la crédibilité de la Cour. Vous savez que sa réputation est déjà entamé, j’imagine ? Tandis que certains l’accusent d’être un « joker des Etats puissants », un instrument politique, une justice qui embraye à deux vitesses, d’autres vous accusent à tort ou à raison d’être vous-même « une marionnette » au service de ces Etats « pour traquer vos propres frères africains ».

Vous suivant de près, je sais que vous n’aimez pas du tout ce genre de propos à votre encontre, mais, Madame la Procureure, c’est pourtant bien ce qui se dit ici, alors comment fait-on ? Pour ma part, je sais que pour quelqu’un ayant fait ses études de droit dans l’une des plus grandes universités du Nigéria, et au regard de votre fermeté, vous n’êtes pas aussi facilement manipulable. Sauf si au fond, la Cour (CPI) a ses raisons que nous ignorons. Le peuple vous regarde : vous avez entre vos mains l’une des clés de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Si vous forcez dans la serrure et que ça se casse : ah ! L’affaire sera complexe, pour vous-même comme pour l’avenir de la Cour.

J’oubliais, Madame la Procureure : permettez moi de vous projeter déjà au-delà de ce procès d’actualité.  Comment se passent les poursuites, là-bas ? Auriez-vous donc laissé tomber ? A votre nomination, le 12 janvier 2012, vous aviez promis que « la justice profitera aux deux camps ! », alors je m’interroge. Dans une interview accordée à Christophe Boisbouvier de Rfi au début février 2015, pendant laquelle il vous demandait si vous avez déjà lancé des mandats d’arrêt contre des personnes proches du président Alassane Ouattara, vous répondiez en ces termes : « L’enquête est en cours. Mais je peux vous garantir que personne ne sera épargné. En cette année 2015, il faut s’attendre à ce que nous intensifions notre enquête sur les crimes commis dans le camp Ouattara – c’est tout ce que je peux vous dire pour l’instant. » 2015 est vite passé Madame la Procureure, et nous sommes rentrés en 2016 sans avoir une idée claire de la situation. Je suis, comme vous, très passionné par la justice et j’ai peur que le manque de communication de votre part sur certains cas puisse donner des arguments faciles aux détracteurs de la CPI.

En attendant d’y revenir, Honorable Madame la Procureure, faites tout ce que le droit vous permettra de faire pour décourager à jamais tous ceux qui ne croient pas ou plus ni en vous, ni en cette juridiction si chère à la lutte contre l’impunité.

M.Z.


En mission d’observation pour le 1er tour de la présidentielle ivoirienne

Ce 24 octobre 2015, à quelques heures du scrutin présidentiel, nous sommes tous réunis dans l’une des salles d’un hôtel de la place, au quartier des affaires d’Abidjan – où la plateforme de veille électorale PEACE-CI a installé son QG. Tous les journalistes et blogueurs associés à cette initiative sont au rendez-vous. A la commande, Frédéric Gooré Bi et Daouda Coulibaly. Ils sont chargés de donner à l’équipe les instructions fermes pour une mission d’observation réussie.

L'équipe des Blogueurs et observateurs pour @Peace_civ, crédit photo : Daouda Coulibaly
L’équipe des blogueurs et observateurs pour @Peace_civ au côté de Nadia (Représentante de @OSIWA1, crédit photo : Daouda Coulibaly

Dans la foulée, les zones d’intervention sont réparties. « Magloire, tu t’occuperas de Yopougon, Songon et Attécoubé. » Ce n’est un secret pour personne, les premières zones citées constituent les bastions du président sortant Laurent Gbagbo. Elles ont été particulièrement agitées durant la crise postélectorale. Tout de suite, j’avais une idée de ce qui pourrait arriver une fois sur le terrain. Des idées bizarres se bousculaient dans ma tête : « Mais attends, ma mission sera d’observer et signaler les éventuels incidents. Et si moi-même je suis « dans incident », je fais comment ? » En même temps, j’essayais de me rassurer. « Aucune raison de m’inquiéter, je sais que tout se passera très bien. »

Le lendemain, jour du scrutin

Il est presque 6 heures du matin lorsque je quitte la maison. Je me renseigne auprès de mon premier interlocuteur tout aussi matinal que moi : « Bonjour mon frère ! S’il te plaît, comment je fais pour me rendre à « Songon » à partir d’ici ? » Vêtu d’un tee-shirt ayant visiblement connu des instants de gloire quelques années plus tôt, et d’un short qui laissait voir les mollets d’un athlète infatigable, il me répondit d’un ton laconique : « Depuis tu es en Côte d’Ivoire ici tu n’es jamais allé à « Songon » » ? Je reste silencieux quelques secondes, un peu stupéfait de sa réponse, avant de répondre « Non mon frère, c’est pour ça je veux aller voir là-bas aujourd’hui. » D’un air un peu plus détendu, il ajoute : « Mais il paraît que y’a élection aujourd’hui. Ce qui est sûr il faut t’arrêter là, il y a des voitures qui vont passer, on sait jamais. » Cet homme que j’ai trouvé un peu atypique m’a fait penser à une certaine catégorie d’Ivoiriens : des personnes très indifférentes à la particularité de ce dimanche 25 octobre, et celles pour qui une journée électorale rime avec un arrêt total de toute activité économique – pour ces personnes, élection = temps mort !

Nous on veut voter KABA KABA

Quelques minutes plus tard, je suis dans un véhicule pour ma première destination : « Songon Gare ». Sur place, c’est encore le calme du jour levant. Les premiers électeurs attendent, impatients devant certains bureaux de vote : « ÔÔÔhhh, ils nonka faire kaba kaba on va voter pour quitter ici ! » (pour dire, que les agents des bureaux de vote se dépêchent pour leur permettre de vite accomplir ce devoir civique). Environ 7 h 30 minutes, le scrutin débute dans quelques bureaux de vote, tandis que certains citoyens continuent à grogner d’impatience dans des files d’attente.

Les électeurs de l'établissement scolaire "Adiopodoumé" au quartier "Kilomètre 17"
Les électeurs de l’établissement scolaire « Adiopodoumé » au quartier « Kilomètre 17 », à 11h GMT

De « Songon à Attécoubé, en passant par le Kilomètre 17 et Yopougon, le vote se déroule sans incident, hormis des obstacles occasionnés notamment par un dysfonctionnement de la tablette. Tablettes vraiment « Banan Banan » comme pouvait se plaindre un électeur de « Songon Kassamblé » ou des agents de bureau de vote mal ou peu formés à l’usage de cet outil ? La question reste posée. Dans certains centres de vote « le désert électoral » était frappant, tant au niveau des représentants de certains candidats dans les bureaux de vote qu’au niveau de la participation générale.

Manque d’information ou ironie ? Certains Ivoiriens affichaient un désintérêt à cet événement indispensable pour la promotion de la démocratie. Juste à l’entrée d’un centre, un groupe de jeunes apparemment venus sur les lieux par simple curiosité m’interroge au vu de ma chasuble de terrain avec l’inscription « PEACE – CI  #Election apaisée » : « Mon frère, tu es venu observer les élections ? Mais à ce qu’on voit là on dirait y’a pas vote ici hein ! Parce que depuis matin là c’est calme comme ça ! ».

Le centre de vote du "groupe scolaire Mosquée" du quartier "Wassakara" à Yopougon, aux environs de 14h GMT, crédit photo : Magloire Zoro
Le centre de vote du « groupe scolaire Mosquée » du quartier « Wassakara » à Yopougon, aux environs de 14h GMT, crédit photo : Magloire Zoro

J’ai vu des citoyens qui avaient très mal de ne pas pouvoir voter

Une sexagénaire regrettait d’avoir parcouru une longue distance jusqu’à son lieu de vote en vain. Elle n’avait ni carte nationale d’identité, ni carte d’électeur et n’avait malheureusement pas bénéficié de la bonne information à temps. J’étais très peiné de voir cette dame presque mendier afin d’obtenir le sésame pour choisir son candidat.  J’ai suivi ses échanges avec le président du bureau de vote.

Elle, s’adressant au représentant de la CEI : Mais mon fils, j’ai mon récépissé d’identification pour la carte nationale d’identité.

L’agent : Non Maman, tu peux pas voter avec ça. Elle ajoute, les mains tremblantes, fouillant son portefeuille : « Et l’attestation d’identité ? » Le jeune agent, tout serein « Maman c’est impossible, on dit carte nationale d’identité ou carte d’électeur » Encore animée d’un grand espoir, la « Mémé » insiste : « Et ma carte de pension, ou bien ma carte de retraitée ? » « Non Maman, vraiment je suis désolé, tu veux bien voter mais on peut rien faire pour toi. » Visiblement très déçue, elle dit avec une voix à peine audible : « Eeh si je savais j’allais envoyer l’ancienne carte d’identité (verte) là ! » Pourtant, ce document, même s’il était présent ce jour là, ne lui aurait pas permis de voter. Une preuve que l’information ne passe pas toujours comme le souhaitent nos autorités. Les informations d’une telle importance devraient être relayées par les populations. Qu’ont fait par exemple les enfants et petits enfants de cette dame pour qu’elle soit si désinformée et surprise comme si aucune sensibilisation n’avait été faite ?

M.Z.


Présidentielle 2015 : La Peace_ci en campagne pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire

S’il y a des journées que je passe avec beaucoup d’enthousiasme, celle de ce mardi 20 octobre 2015 en fait partie. Elle a été particulièrement marquée par ma participation aux séances de rencontres initiées par la Plateforme des organisations de la société civile pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire, crédibles et équitables (@Peace_ci).

En effet, ces séances de discussion menées successivement au siège du Conseil national de la presse (CNP), au quartier général de la POECI et au ministère de l’Intérieur, visaient d’une part à présenter les activités de cetteplate forme innovante, et d’autre part à établir une synergie avec ces institutions étatiques et les organisations non gouvernementales.

La @Peace_ci qui est une chambre de veille électorale  a été créée à l’initiative de WANEP Côte d’Ivoire, dans le cadre de la mise en œuvre de son projet « Baromètre pour des Elections Crédibles et Apaisées en 2015, en Côte d’Ivoire ». Elle comprend aujourd’hui 22 réseaux, plateformes et organisations de la société civile ivoirienne. Financé par la fondation Open Society, Initiative for West Africa (OSIWA), ce projet vient à point nommé d’autant plus qu’il permet à la classe politique, notamment aux populations, d’éviter les événements douloureux connus en 2010.

Quel sera son mode de fonctionnement ?

Ici, il est important de noter que la plate forme @Peace_ci dispose d’une « artillerie lourde » en faveur des élections apaisées en Côte d’Ivoire. Sur la base de la cartographie électorale, au moins 2000 observateurs seront déployés sur le terrain – ceux-ci, contrairement aux observateurs classiques transmettront toutes les informations vers la chambre technique qui aura pour rôle de faire remonter celles pouvant mettre en péril le processus électoral à la chambre d’analyse, dans le souci « désamorcer la bombe avant qu’elle n’explose ». Loin d’être une Commission électorale indépendante (CEI) bis, la plateforme @Peace_ci aidera à alerter l’opinion au cas où il y aurait des incidents susceptibles de porter atteinte à la période électorale. Il est bon de noter que toutes les observations faites par les observateurs seront suivies en temps réel.

Une vue de la cartographie des Observateurs @Peace_ci, crédit photo : Magloire Zoro
Une vue de la cartographie des Observateurs @Peace_ci, crédit photo : Magloire Zoro

La chambre d’analyse à son tour fera remonter les informations reçues au niveau de la chambre décisionnelles composée de personnalités hautement représentatives de la société civile ivoirienne dont Mme DAO Gabala Mariam, présidente des femmes leaders de Côte d’Ivoire, L’Iman Cissé DJIGUIBA, l’Abé Eric Norbert ABEKAN, M. ZIO Moussa, président de l’Observatoire de la liberté de la presse, Pr LOU Bamba de la Chaire UNESCO, Mme Rachelle GOGOUA, Représentante des femmes et Mme KEI Dedy Marie Joelle, Coordinatrice nationale du WANEP. Si le besoin se fait sentir, ces personnalités issues de la Chambre décisionnelle se feront fort d’interpeller les acteurs concernés ou de mener des actions de médiation en vue d’un apaisement.

Qu’en pensent les partenaires rencontrés ?

Quelques membres de la délégation de @Peace_ci à l'issue de la rencontre avec le Directeur de Cabinet du Ministre (à droite), crédit photo : Magloire Zoro
Quelques membres de la délégation de @Peace_ci à l’issue de la rencontre avec le Directeur de Cabinet du Ministre de l’Intérieur (à droite), crédit photo : Magloire Zoro

Selon M. Raphaël LAKPE, président du Conseil National de la Presse, cette initiative est à encourager. Il a donc assuré les membres de @Peace_ci de la disponibilité du CNP avancer ensemble sur cette voie louable, avant de leur recommander de contacter l’Agence de Régulation de la Télécommunication en Côte d’Ivoire (ARTCI) en vue d’une éventuelle régulation  des Short Message Service (SMS), bien souvent à l’origine de diffusion de fausses informations.

Quant aux membres de la POECI, ils ont exprimé leur intérêt à travailler en synergie avec @Peace_ci si bien que ces deux organisations partagent une vision : s’investir pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire.

Au ministère de l’Intérieur, reçus par le M. Vincent TOH BI, Directeur de Cabinet du Ministre empêché, la moisson fut également bonne pour @Peace_ci. En effet, le Ministère de l’Intérieur, à travers son représentant a tenu à saluer l’initiative de la société civile ivoirienne en faveur des élections apaisées d’autant plus que celle-ci apporte de ce fait une aide considérable aux efforts de la police nationale dans le cadre de son travail. Pour ce faire, il s’est dit lui-même disponible pour être le point de contact entre la plate forme @Peace_ci et le Ministère de l’Intérieur afin de permettre un processus électoral sans débordement, sans violence. C’est dans une atmosphère conviviale que pris fin cette journée de rencontres, en attendant de rencontrer ce mercredi les membres de la Commission Electorale Indépendante (CEI).

M.Z.


Présidentielle : le militant électeur et sa carte de «la dernière minute»

« Moi  je ne me presse pas, je vais attendre le dernier jour pour aller retirer ma carte. », « Je sais que ça là ils vont reporter, donc j’ai encore le temps. » Telles sont les pensées qui caractérisent malheureusement l’Ivoirien en période électorale.. Bien qu’il soit engagé dans un processus important, il reste la plupart du temps partisan de « la dernière minute », estime qu’il a tout le temps devant lui. Ce temps qui selon lui peut être élastique à souhait. Dans cet élan visant à étirer le temps, il est aidé par un complice de taille : certaines autorités étatiques, et non des moindres.

Image à titre d'illustration : des cartes d'électeurs attendant toujours leurs propriétaires
Image à titre d’illustration : des cartes d’électeurs attendant toujours leurs propriétaires – Source : CEI

Des reports de délais dus à un manque de conviction

En Côte d’Ivoire, le report de délais est le propre de bon nombre d’institutions censées répondre aux besoins de leurs administrés. Un report dû en général à un déficit d’organisation des autorités concernées, entraînant de facto une quasi-absence d’engouement de la part de la plupart des usagers du service public. C’est le cas de ces nombreux citoyens ivoiriens qui peinent à retirer leurs cartes d’électeurs en vue du prochain scrutin. Si nous n’y prenons garde, ce phénomène de report risque de devenir culturel.

Soyons des Ivoiriens responsables en  allant voter

En effet, pour moi, un Ivoirien responsable et acteur de changement, c’est celui qui ne reste pas en marge de la vie sociopolitique de son pays. Pour ce faire, il a des priorités suivant une planification bien déterminée (inutile donc de s’inscrire dans une logique de « dernière minute »). Ce sens des responsabilités que chacun des Ivoiriens devrait privilégier est soutenu par le devoir civique de voter.

Ainsi, au-delà du simple geste anodin, le citoyen en âge de voter contribue de la sorte à transférer un mandat de représentation au candidat de son choix qui aura en charge les différentes préoccupations exprimées par les populations. En clair, dans le contexte qui est le notre, choisir délibérément de ne pas voter pour quelle que raison que ce soit, c’est ne pas savoir faire table rase du passé. Pourtant, la douleur causée par un certain passé nous permet de nous en inspirer afin de prendre désormais de meilleures dispositions, surtout que personne d’autre ne construira ce pays à notre place. Chacun a son mot à dire et sa pierre à apporter à l’édifice.

M.Z.


Présidentielle : la jeunesse ivoirienne refuse d’être nostalgique de la paix

Sorti du boulot à 16 h 30 comme d’habitude, je ne suis pas rentré directement à la maison. Un peu plus tôt, Daouda m’avait contacté pour me parler d’une rencontre prévue le soir à 17 h avec Clara qui venait des Pays-Bas. Elle n’est pas à sa première visite en Côte d’Ivoire. « Babi » l’avait déjà reçue auparavant dans le cadre des activités de la plateforme Ivoire Justice. C’est justement pour la même raison que cette jeune dame dynamique déposait encore une fois ses valises dans un hôtel de la place. Dans ses affaires se trouvait la logistique nécessaire pour un excellent projet en faveur d’élections apaisées en Côte d’Ivoire : réunir tous les jeunes leaders de toutes les couches sociales ainsi que de tous les bords politiques pour parler de paix, de non-violence, de tolérance, en bref, pour discuter dans un esprit collaboratif et constructif de toutes ces valeurs qui ont parfois fait défaut à la jeunesse.

Quoi de plus intéressant pour m’encourager à faire ce détour avant de retrouver mon chez-moi. Quelques minutes plus tard, encore Daouda au téléphone : « Magloire, désolé, c’est plutôt à 19 heures, et ce sera pour un dîner. » J’ai commencé à sentir que mon détour serait vraiment intéressant.  De nos jours les invitations à dîner ça ne court pas les rues. Les moyens du pays sont trop « sérénisés » à l’heure là, on dit « l’argent circule pas, il travaille pour nous. » Là là on va dire quoi ?

Un dîner d’échanges préparatoires pour le #MeetUpCivPaix

A 17 heures précises, j’étais déjà au lieu du rendez-vous. Après environ deux heures d’attente, je rejoins l’espace plein air où se trouvaient déjà les autres pour le dîner. J’aperçois tout de suite Clara, heureux de l’avoir retrouvée après plusieurs mois. J’ai l’occasion de faire la connaissance de Gaëlle, collaboratrice de Clara et responsable marketing à la Rnw. Tour à tour, j’ai eu le plaisir de revoir et cette fois physiquement, certains visages qui jusque-là je ne connaissais que virtuellement. Atto Elie Kouamé, Charles N’Guessan, Nanda Seye, Stéphane Kra, tous étaient de la partie, non seulement pour dîner, mais surtout pour réfléchir ensemble sur l’événement qui devait se tenir le lendemain à l’Institut Goethe d’Abidjan : Le #MeetUpCivPaix est un événement que nous attendions tous depuis, vu sa pertinence et son importance. Mangeant avec appétit du poisson braisé pour les uns et du poulet pour les autres, les derniers échanges ont permis d’avoir une idée plus nette du déroulement pratique de l’activité.

Le dispositif d’accueil au #MeetUpCivPaix

Le stand d'accueil au #MeetUpCivPaix, crédit photo : Magloire Zoro
Le stand d’accueil au #MeetUpCivPaix. Crédit photo : Magloire Zoro

Après une nuit pas très confortable suivie d’un réveil précipité, j’arrive sur le site de l’événement à 9 h, largement dans le temps, puisque le début de l’activité est prévu pour 9  h 30. Une fois dans la cour de l’Institut, les organisateurs distribuent des kits à l’effigie de Ivoire Justice. C’était vraiment super ! Mieux, mon attention fut retenue par une invitation de mon interlocuteur Stéphane Kra à écrire et afficher mon mot pour la paix sur un mur conçu à cet effet. Une idée que j’ai trouvée très originale et de nature à inspirer.

Les participants qui venaient au fur et à mesure allaient avec gaieté de cœur afficher leur conception de la paix. On pouvait lire à travers ces mots, le désir ardent que chacun avait de vivre plus que jamais dans un climat de paix : « Djo la paix est mieux », « La paix une culture, la culture de la paix », « Pourquoi pas la paix ? », « J’ai souffert de la guerre, je veux la paix », « La paix commence avec moi », « Ecouter les autres », « Amour dans le cœur de tous », « Paix chez nous ! », « Paix pour impacter le monde ! »… tels sont les mots qui caractérisaient de manière éloquente les attentes de tous pour la paix, cette paix dont nous sommes très souvent nostalgiques.

Une participante affichant son mot sur le Mur de la Paix, crédit photo : Magloire Zoro
Une participante affichant son mot sur le Mur de la Paix, crédit photo : Magloire Zoro

Quand la jeunesse se réunit pour parler de paix : #MeetUpCivPaix

La situation de crise que nous avons vécue a contribué à placer la recherche de la paix au centre des préoccupations de la jeunesse. De plus en plus, les jeunes s’organisent et se mobilisent pour se parler franchement – parler de paix et penser aux stratégies idoines pour la maintenir et la renforcer. J’ai pu ressentir cet élan ce jour-là dans les propos des uns et des autres au cours du #MeetUpCivPaix. Il fallait y être pour comprendre à quel point la jeunesse s’est résolue à ne plus servir la cause de la violence en faveur de certains politiciens véreux.

« Chacun a dit son Gbai », toutes les vérités possibles afin de se libérer. L’une des participantes, victime de la crise postélectorale de 2010 n’a pas mâché ses mots. Elle affirme : « Avec ce que j’ai vécu, la politique et moi, on se voit loupé ! ». Pour un autre  : « Le président de la République n’est pas Jésus Christ, il est plutôt un employé du peuple par le biais du vote ! »  Cette intervention n’a pas manqué d’arracher des éclats de rire à cette assemblée forte de sa diversité : tous les jeunes leaders d’associations de jeunesse, de toutes les couches sociales, de différents bords politiques étaient réunis pour la même cause, celle de la Paix durant ces élections et après.

Une vue des participants en plein atelier, crédit photo : Daouda Coulibaly
Une vue des participants en plein atelier. Crédit photo : Daouda Coulibaly

En vue de montrer notre engagement, nous n’avons pas voulu limiter nos intentions à ces 4 murs de l’Institut Goethe. A l’issue des travaux en ateliers, nous avons pu noter les principales causes qui entravent la paix pendant les élections. Il s’agit essentiellement de l’instrumentalisation de la jeunesse, une jeunesse en manque d’organisation et inféodée aux partis politiques, l’irresponsabilité de cette jeunesse qui a parfois un goût prononcé de la facilité, enfin la mauvaise manipulation de l’information par les médias (organes de presse écrite et audiovisuel).

Tous les participants étaient d’accord qu’il était impérieux de tourner la page afin de laisser la place à une jeunesse beaucoup plus mâture et responsable. Après un concert marquant la fin de la rencontre,  chacun est rentré chez lui avec à l’esprit un engagement encore plus fort pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire. Vous pouvez rejoindre notre Village Félix Houphouët-Boigny pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire.

M.Z.


Dans la « conscience » des coups d’Etats en Afrique

Au moment où certains de nos Etats africains espèrent sortir de l’auberge en vue d’emprunter le véritable chemin qui mène à la démocratie, certaines personnes se contentent plutôt de rester sur la berge d’où elles réfléchissent ardemment à la meilleure stratégie qui puisse permettre au pays de régresser d’au moins une décennie. Quelle vision ! Je me demande très souvent ce qui peut bien se lire dans la tête de ces acteurs « hollywoodiens » de la vie politique de notre continent – rien à foutre de ces chers téléspectateurs que représente la population civile et pour qui le prochain « film » sera réalisé. Le plus important, c’est que le monde entier entende parler de nous. Mieux, si certains médias se montrent impertinents au cours du montage de notre scénario, il suffira juste de leur fermer la bouche pour de bon et de la manière la plus brutale possible, comme ça nous travaillerons à arrêter la marche vers le développement économique de notre pays en toute tranquillité.  En plus, pour que le pays s’enfonce à huis clos, nous fermerons toutes les voies d’entrées et de sorties possibles…

On paye tous les pots cassés

Des manifestants à la place de la Nation à Ouagadougou (photo d'archive utilisée juste à titre d'illustration), crédit photo : Google Images
Des manifestants à la place de la Nation à Ouagadougou (photo d’archive utilisée juste à titre d’illustration), crédit photo : Google Images

Malheureusement, les premières victimes, les plus vulnérables d’un tel processus (que j’ai toujours des difficultés à qualifier) sont les populations civiles – et curieusement, cette instabilité coûte à tous sans exception : parents et proches de politiciens, militaires, disons toute personne présente sur le territoire, sans oublier les victimes collatérales au-delà du territoire. J’ai du mal à comprendre et j’aimerais bien obtenir une réponse satisfaisante à ma préoccupation : Comment, et pourquoi à un mois des élections, peut-on tirer ainsi à bout portant sur l’ambulance qui conduit le pays déjà « mal en point » vers une issue démocratique de sorte à faire couler le sang d’innocentes personnes aspirant tout simplement à un bien être et une vie plus sereine ? D’aucuns diraient que le processus a été vicié par une exclusion habillée d’un manteau juridico institutionnel. Mais si tel est le cas, n’y a-t-il pas d’autres voies de recours que celle de faire parler les armes ?

Où est passée la grande muette ?

(Photo d`archive utilisée juste a titre d`illustration), crédit photo : Google Images
(Photo d`archive utilisée juste a titre d`illustration), crédit photo : Google Images

Pourquoi les armées sont-elles si bavardes de ce côté du monde ? On-t-elles perdues à jamais leurs attributs de grande muette par laquelle on les désigne ? Nous avons toujours ce sentiment de révolte vis-à-vis de la plupart des Etats occidentaux pour leur supposée ingérence dans nos affaires. Nous leur reprochons même de vouloir nous enseigner la démocratie. Mais dites moi, lequel de ces Etats incriminés a connu un coup de force comme nous avons l’habitude de les voir ici sous plusieurs formules ? Pourtant, chez eux, ce n’est pas que l’opposition les trouve irréprochables. L’opposition y existe bel et bien et de manière remarquable d’ailleurs ! La seule différence, sinon le monde de différence qui existe entre leur opposition et la notre, c’est qu’elle évolue dans un environnement politique marqué par le respect des règles démocratiques de base que sont  l’égalité et la liberté des citoyens.

L’Afrique a parfois mal à la Tolérance

Je crois que ce que nos dirigeants doivent comprendre, le tout n’est pas d’être un homme politique, bon ou moins bon. Il s’agit plutôt d’être un homme épris de valeurs sur le fondement d’un certain nombre de principes et de qualités humaines. Prenons le cas de Nelson Mandela : prisonnier durant 27 ans, de surcroît injustement, son souci majeur à sa sortie n’était pas de régler ses comptes avec ses adversaires et bourreaux d’alors. Animé d’un esprit de tolérance jusque là inégalé, lorsqu’il a pris la tête du gouvernement sud africain le 11 février 1990, son premier défi a été de faire travailler les Noirs et les Blancs, sachant que ces deux races ne s’entendaient pas du tout. Aujourd’hui, l’Afrique du Sud est l’une des premières puissances économiques du continent africain. C’est aussi ça le prix de la tolérance, cette valeur qui manque encore malheureusement aux acteurs politiques d’ici. En attendant, c’est le retour à la case départ – et comme s’interrogeait un internaute burkinabé le cœur meurtri « Qui voulez-vous gouverner??? ». Bien malin ce « démocrate » des temps « modernes » qui pourra répondre à cette question.

M.Z.


Conférence sur le climat à Paris : Y’a drap !

De Stockholm à Paris, l’humanité livre un combat acharné en vue de sauver notre planète des nombreuses menaces dues essentiellement aux activités anthropiques. C’est dans cette capitale suédoise que l’environnement entre dans les priorités et régions de nombreux pays.

Ainsi avant cette rencontre on comptait 10 ministères de l’Environnement, depuis 1982, on est passé à 110 ministères ou secrétariats d’État dédiés aux questions d’environnement. Une évolution qui dénote ’impact positif de la Conférence de 1972.

Tractation après tractation, rencontre après rencontre, négociation après négociation, celles-ci débouchent sur la rédaction d’un document préparatoire au futur accord de la COP 21.

Mais, c’est quoi la COP 21 au juste ?

Une affiche de la COP 21, crédit photo : Google images
Une affiche de la COP 21, crédit photo : Google images

En effet, il s’agit de la 21e Conférence des parties de la Convention- cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21) qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 sous la présidence de la France. C’est une échéance cruciale. Elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2°C. La mobilisation et la forte communication autour de cet événement mondial traduisent l’urgence à laquelle sont confrontés pas moins de 195 Etats dans le souci d’aboutir à un accord universel juridiquement contraignant.

Au moment où une soixantaine de pays responsables de près de 70 % des émissions de GES s’apprêtent à envoyer leurs engagements nationaux de réduction de gaz à effet de serre (GES) – qui d’ailleurs ne permettront pas de limiter le réchauffement à 2 degrés comme souhaité -, l’Organisation des Nations unies à travers la secrétaire exécutive de la Convention-cadre sur le climat tire la sonnette d’alarme à l’endroit des Etats parties : « J’ai le regret de vous informer que nous avons actuellement un déficit de 1,2 million d’euros (1, 3 million de dollars) juste pour couvrir les sessions prévues à l’ordre du jour». Si on veut le dire en français facile, cela voudrait dire « Les gars, y’a pas d’argent pour la COP 21 là, on fait comment ? » Elle demande ensuite aux « pays en mesure de le faire d’apporter une contribution. » Voilà drap ! Un peu comme si les Nations unies essayaient de tester le niveau d’engagement des uns et des autres vis-à-vis du climat : « On va voir parmi eux qui est vraiment prêt pour le climat ». Et on attend les premiers à mettre la main à la poche… On regarde seulement.

Mais au fait, je ne comprends pas bien quelque chose. Comment et pourquoi à trois mois d’un événement d’une telle importance, l’ONU déclare qu’il n’y a pas d’argent ?  Une situation qui fait penser à un fonctionnaire qui ne vérifie pas son compte en banque et qui discute longuement avec le propriétaire d’un immeuble en vue de l’acheter – avant de réaliser, une fois un accord convenu, qu’il ne lui reste que 350. 000 FCFA en banque.  Au regard de ce qui précède, la tenue de la COP 21 à Paris est-elle devenue un rêve plus grand que la résolution du problème de réchauffement climatique ? Les anglophones disent Wait and see, donc « Waitons » voir alors !

M.Z.