5 octobre 2015

Présidentielle : la jeunesse ivoirienne refuse d’être nostalgique de la paix

Sorti du boulot à 16 h 30 comme d’habitude, je ne suis pas rentré directement à la maison. Un peu plus tôt, Daouda m’avait contacté pour me parler d’une rencontre prévue le soir à 17 h avec Clara qui venait des Pays-Bas. Elle n’est pas à sa première visite en Côte d’Ivoire. « Babi » l’avait déjà reçue auparavant dans le cadre des activités de la plateforme Ivoire Justice. C’est justement pour la même raison que cette jeune dame dynamique déposait encore une fois ses valises dans un hôtel de la place. Dans ses affaires se trouvait la logistique nécessaire pour un excellent projet en faveur d’élections apaisées en Côte d’Ivoire : réunir tous les jeunes leaders de toutes les couches sociales ainsi que de tous les bords politiques pour parler de paix, de non-violence, de tolérance, en bref, pour discuter dans un esprit collaboratif et constructif de toutes ces valeurs qui ont parfois fait défaut à la jeunesse.

Quoi de plus intéressant pour m’encourager à faire ce détour avant de retrouver mon chez-moi. Quelques minutes plus tard, encore Daouda au téléphone : « Magloire, désolé, c’est plutôt à 19 heures, et ce sera pour un dîner. » J’ai commencé à sentir que mon détour serait vraiment intéressant.  De nos jours les invitations à dîner ça ne court pas les rues. Les moyens du pays sont trop « sérénisés » à l’heure là, on dit « l’argent circule pas, il travaille pour nous. » Là là on va dire quoi ?

Un dîner d’échanges préparatoires pour le #MeetUpCivPaix

A 17 heures précises, j’étais déjà au lieu du rendez-vous. Après environ deux heures d’attente, je rejoins l’espace plein air où se trouvaient déjà les autres pour le dîner. J’aperçois tout de suite Clara, heureux de l’avoir retrouvée après plusieurs mois. J’ai l’occasion de faire la connaissance de Gaëlle, collaboratrice de Clara et responsable marketing à la Rnw. Tour à tour, j’ai eu le plaisir de revoir et cette fois physiquement, certains visages qui jusque-là je ne connaissais que virtuellement. Atto Elie Kouamé, Charles N’Guessan, Nanda Seye, Stéphane Kra, tous étaient de la partie, non seulement pour dîner, mais surtout pour réfléchir ensemble sur l’événement qui devait se tenir le lendemain à l’Institut Goethe d’Abidjan : Le #MeetUpCivPaix est un événement que nous attendions tous depuis, vu sa pertinence et son importance. Mangeant avec appétit du poisson braisé pour les uns et du poulet pour les autres, les derniers échanges ont permis d’avoir une idée plus nette du déroulement pratique de l’activité.

Le dispositif d’accueil au #MeetUpCivPaix

Le stand d'accueil au #MeetUpCivPaix, crédit photo : Magloire Zoro
Le stand d’accueil au #MeetUpCivPaix. Crédit photo : Magloire Zoro

Après une nuit pas très confortable suivie d’un réveil précipité, j’arrive sur le site de l’événement à 9 h, largement dans le temps, puisque le début de l’activité est prévu pour 9  h 30. Une fois dans la cour de l’Institut, les organisateurs distribuent des kits à l’effigie de Ivoire Justice. C’était vraiment super ! Mieux, mon attention fut retenue par une invitation de mon interlocuteur Stéphane Kra à écrire et afficher mon mot pour la paix sur un mur conçu à cet effet. Une idée que j’ai trouvée très originale et de nature à inspirer.

Les participants qui venaient au fur et à mesure allaient avec gaieté de cœur afficher leur conception de la paix. On pouvait lire à travers ces mots, le désir ardent que chacun avait de vivre plus que jamais dans un climat de paix : « Djo la paix est mieux », « La paix une culture, la culture de la paix », « Pourquoi pas la paix ? », « J’ai souffert de la guerre, je veux la paix », « La paix commence avec moi », « Ecouter les autres », « Amour dans le cœur de tous », « Paix chez nous ! », « Paix pour impacter le monde ! »… tels sont les mots qui caractérisaient de manière éloquente les attentes de tous pour la paix, cette paix dont nous sommes très souvent nostalgiques.

Une participante affichant son mot sur le Mur de la Paix, crédit photo : Magloire Zoro
Une participante affichant son mot sur le Mur de la Paix, crédit photo : Magloire Zoro

Quand la jeunesse se réunit pour parler de paix : #MeetUpCivPaix

La situation de crise que nous avons vécue a contribué à placer la recherche de la paix au centre des préoccupations de la jeunesse. De plus en plus, les jeunes s’organisent et se mobilisent pour se parler franchement – parler de paix et penser aux stratégies idoines pour la maintenir et la renforcer. J’ai pu ressentir cet élan ce jour-là dans les propos des uns et des autres au cours du #MeetUpCivPaix. Il fallait y être pour comprendre à quel point la jeunesse s’est résolue à ne plus servir la cause de la violence en faveur de certains politiciens véreux.

« Chacun a dit son Gbai », toutes les vérités possibles afin de se libérer. L’une des participantes, victime de la crise postélectorale de 2010 n’a pas mâché ses mots. Elle affirme : « Avec ce que j’ai vécu, la politique et moi, on se voit loupé ! ». Pour un autre  : « Le président de la République n’est pas Jésus Christ, il est plutôt un employé du peuple par le biais du vote ! »  Cette intervention n’a pas manqué d’arracher des éclats de rire à cette assemblée forte de sa diversité : tous les jeunes leaders d’associations de jeunesse, de toutes les couches sociales, de différents bords politiques étaient réunis pour la même cause, celle de la Paix durant ces élections et après.

Une vue des participants en plein atelier, crédit photo : Daouda Coulibaly
Une vue des participants en plein atelier. Crédit photo : Daouda Coulibaly

En vue de montrer notre engagement, nous n’avons pas voulu limiter nos intentions à ces 4 murs de l’Institut Goethe. A l’issue des travaux en ateliers, nous avons pu noter les principales causes qui entravent la paix pendant les élections. Il s’agit essentiellement de l’instrumentalisation de la jeunesse, une jeunesse en manque d’organisation et inféodée aux partis politiques, l’irresponsabilité de cette jeunesse qui a parfois un goût prononcé de la facilité, enfin la mauvaise manipulation de l’information par les médias (organes de presse écrite et audiovisuel).

Tous les participants étaient d’accord qu’il était impérieux de tourner la page afin de laisser la place à une jeunesse beaucoup plus mâture et responsable. Après un concert marquant la fin de la rencontre,  chacun est rentré chez lui avec à l’esprit un engagement encore plus fort pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire. Vous pouvez rejoindre notre Village Félix Houphouët-Boigny pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire.

M.Z.

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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Belle initiative et joli compte rendu !

Amitiés.

Magtouss
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Merci bien Monsieur YOBOUET !